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son dessein est plus déterminé il doit choisir son rhythme non pas seulement pour flatter l’oreille, mais d’après le caractère des idées qu’il veut exprimer. En général, les stances dont les vers sont courts et peu nombreux conviennent aux sujets légers, aux peintures riantes ; au contraire, les stances qui ont beaucoup de vers, ou des vers d’une longue mesure, offrent une gravité plus propre à rendre des pensées élevées, des tableaux magnifiques.

La Harpe loue Rousseau d’avoir ainsi approprié ses stances à l’objet qu’il traitait. H cite la suivante Seigneur, dans ta gloire adorable

Quel mortel est digne d’entrer ? p

Qui pourra, grand Dieu, pénétrer

Ce sanctuaire impénétrable,

Où tes saints inclinés, d’un oeil respectueux, Contemplent de ton front l’éclat majestueux ? ’t Ces deux alexandrins, dit-il, où l’oreille se repose après quatre petits vers, ont une dignité conforme au sujet.

Dans la stance suivante, trois hexamètres se traînent lentement et se laissent tomber pour ainsi dire sur un vers qui n’estque la moitié d’un alexandrin I[ n’est plus, et les dieux, en des temps si funestes, N’ont fait que le montrer aux regards des mortels. Soumettons-nous allons porter ces tristes restes Au pied de leurs autels. Rouss.

La Harpe approuve encore le choix des mètres dans les stances célèbres que Malherbe adresse à Du Perrier, pour le consoler de !a perte de sa jeune fille