Page:Quicherat - Petit Traité de versification française, 1882.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

nieuse des vers de sept syllabes avec des vers de huit : Où sont les traits que tu lances,

Grand Dieu, dans ton juste courroux ?

N’es-tu plus le Dieu jaloux ?

N’es-tu plus le Dieu des vengeances ?

HARMONIE IMITATIVE. On peut, par un habile mélange de différents mètres, produire l’harmonie imitative.

La Harpe loue ce mérite dans le passage suivant, de Racine

Dieu, descends, et reviens habiter parmi nous. Terre, frémis d’allégresse et de crainte ;

Et vous, sous sa majesté sainte,

Cieux, abaissez-vous.

« Sans parler, dit-il, de toutes les autres sortes de beautés, remarquons au moins quelque chose de l’artifice de la phrase harmonique, qui va sans cesse en décroissant, du premier vers, qui est de six pieds, au second, qui est de cinq, au troisième, qui est de quatre, au dernier enfin, qui est de deux pieds et demi, celui où les cieux s’abaissent, sans que jamais l’oreille sente ni saccade, ni secousse, tant le rhythme est ménagé pour l’effet, et tant l’effet est sensible. H ne fallait rien moins que ces conditions pour que ces quatres mètres différents fussent entremêlés un à un sans être désagréables.

J’ai vu l’impie adoré sur la terre

Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux

Son front audacieux. RAC.

Ce dernier vers fait image.