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autre. Après si prendeis warance ij. tans que de l’une des iiij. erbes, et puis si l’estanpés, puis si meteis ces v. erbes en i. pot, et si meteis blanc vin al destenprer, le meillor que vous poés avoir, avecques tenpreement que les puizons ne soient trop espessez, si con les puist boire. N’en beviez mie trop ; en une escragne d’uef en arés vous aseiz, por qu’ele soit plainne. Quel plaie que vous aiés, vous en garirés. Tergiés vo plaie d’un poi d’estoupes ; metés sus une fuelle de cole roge ; puis si beveis des puizonz al matin et al vespre ij. fois le jor. Eles valent miex destemprées de moust douc que d’autre vin, mais qu’il soit bons ; si paerra li mous avec les erbes. Et se vous les destenprés de vies vin, laissiés les ij. jors ançois con en boive. »

« retenez ce que je vais vous dire. Prenez des feuilles de chou rouge, de la sanemonde (c’est une plante qu’on appelle chanvre-bâtard), aussi de la plante appelée tanaisie et du chènevis ou semence de chanvre. Broyez ces quatre plantes, de sorte qu’il n’y ait pas plus de l’une que de l’autre. Ensuite vous prendrez de la garance, en quantité double de chacune des quatre autres plantes. Broyez-la aussi et mettez ces cinq plantes dans un pot pour les faire infuser avec du vin blanc, le meilleur que vous pourrez avoir, en vous réglant pour la dose sur ce que la potion ne soit pas trop épaisse et qu’on la puisse boire. N’en buvez pas trop. Vous en aurez assez d’une pleine coquille d’œuf. Quelque plaie que vous ayez, vous en guérirez. Essuyez vos plaies d’un peu d’étoupes ; mettez dessus une feuille de chou rouge, puis buvez de la potion le matin et le soir, deux fois par jour. Elle vaut mieux infusée dans de bon vin doux que dans d’autre vin ; le vin doux fermentera avec les plantes. Si vous en infusez dans du vin vieux, laissez-les deux jours avant d’en boire. »

Cette recette dont je laisse l’appréciation aux hommes de l’art, est consignée sur la dernière page du manuscrit.

Après tout ce qui précède, je crois qu’il me sera permis, tout proportion gardée entre les deux époques, de définir par les paroles de Vitruve l’instruction de l’architecte au XIIIe siècle :Eum et ingeniosum esse oporet et ad disciplinas docilem ; et ut litteratus sit, peritus graphidos, eruditus geometria et optices non ignarus, instructus arithmetica, historias complures noverit, philosophos diligenter audiverit, musicam sciverit, medicinæ non sit ignarus.