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Passons au quint-point.

On rencontre fréquemment dans les édifices du XIVe et du XVe siècle une forme d’arc gothique dont chaque branche est composée de deux segments de cercles de rayons différents, mais ayant un point commun. C’est ce que M. Willis appelle dans son Traité des voûtes gothiques, l’arc à quatre centres. Comme pour décrire un tel arc la connaissance de cinq points est nécessaire, je suppose que c’est celui-là que Villard appelle quint-point. A la vérité les premières églises gothiques n’offrent guère de ces sortes de courbes ; mais les architectes pouvaient en connaître la construction et ne l’appliquer que rarement. D’ailleurs a-t-on procédé à l’examen des monuments du XIIIe siècle la règle et le compas à la main, et ne peut-il pas se faire que des courbes prises par l’œil pour des segments d’un seul cercle soient reconnues, vérification faite, pour décrites de deux centres ?Quoi qu’il en soit, ma conjecture sur le quint-point reçoit une grande force de la présence d’une spirale à côté de la dernière figure. En effet, chaque révolution de spirale étant composée de deux demi-cercles décrits d’un rayon différent avec leurs centres sur la même ligne, il s’ensuit qu’un segment pris au-dessus et au-dessous du point où les deux courbes se confondent, remplit parfaitement les conditions de l’arc gothique formulé ci-dessus.

Reste à savoir ce que l’auteur appel ici la clef. Ce ne peut pas être le voussoir placé à la brisure de l’arc, car ce voussoir ne diffère ni par sa coupe, ni en conséquence par son tracé de l’analogue de l’arc tiers-point. La même analogie avec le tiers-point existe pour tous les voussoirs contenus dans chacun des deux segments générateurs de le courbe ; mais celui des voussoirs sur lequel s’opère la jonction des deux segments, celui-là est dans une condition exceptionnelle, car chacune de ses faces de joint se trouve avoir une coupe différente à cause de la différence des rayons. Je conjecture que c’est ce voussoir que la légende appelle clef du quint-point ; ses propriétés seraient indiquées sur la spirale, par les points ou passe la cathète. Quant à l’opération pour arriver au développement de ses faces, elle n’est pas plus indiquée pour le quint-point que pour le tiers-point.

Exemples de liaison. — On appelle liaison, en maçonnerie, une façon de superposer les pierres par un enchaînement tel que les faces de lit de l’assise supérieure couvrent les joints de l’assise inférieure. Les architectes du moyen âge ont souvent sophistiqué cette partie de la construction en cherchant des combinaisons extraordinaires pour leurs joints qu’ils obliquaient ou courbaient ou faisaient pénétrer les uns dans les autres par enchevêtrement.