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symétrie avec clef del quint point de la seconde. L’auteur veut donc parler d’abord de la clef du tiers-point.

Tiers-point, dans le langage actuel de l’industrie, est le sommet du triangle équilatéral :d’où l’application du même nom à l’arc gothique dont les deux centres et les naissances coïncident, parce que les trois cordes d’un tel arc forment un triangle équilatéral. Mais il faut remarquer que c’est l’usage moderne qui a restreint l’application de tiers-point au triangle équilatéral, et qu’autrefois on dénommait ainsi tout triangle isocèle ; or, comme tout arc gothique produit un triangle isocèle en joignant ses naissances à son sommet, et que réciproquement les trois sommets d’un triangle isocèle déterminent un arc gothique, tout arc gothique était appelé autrefois arc tiers-point. C’est là le mot technique employé au moyen âge, et au XVIe siècle encore, il n’avait point changé d’acceptation, puisque Philippe de Lorme s’en sert pour dénommer l’arc brisé en général. Clef du tiers-point est donc la clef de l’arc brisé ou gothique.

Rien que ce premier résultat nous fixe déjà sur l’acceptation de clef qui peut signifier dans l’architecture du moyen âge, des choses essentiellement différentes ; car la pierre commune à deux membrures de voûtes diagonales, au point de leur intersection, est une clef ; et les deux pierre placées à la brisure des arcades et arcs doubleaux, sont aussi des clefs. Les nervures diagonales étant des pleins cintres, le nom de clef du tiers-point ne saurait convenir à leur clef, et ainsi, c’est de la clef des arcades et doubleaux gothiques qu’il est ici question.

J’achève l’interprétation de la légende.

Villard de Honnecourt dit que l’opération par laquelle on fait une clef du tiers-point sert aussi à justicier one scere, c’est-à-dire à vérifier la justesse d’une équerre ou d’un trait d’équerre (autrement dit de la perpendiculaire élevée à l’extrémité d’une droite). Or cette vérification se faisait en inscrivant dans un demi-cercle l’angle droit produit ; et c’est certainement là ce que veut dire le cercle de notre dessin marqué de trois points sur une moitié de sa circonférence. L’assimilation établie par l’auteur entre le trait d’équerre et la méthode qu’il veut exposer relativement aux clefs d’arc, prouve que cette méthode consiste aussi en un tracé. Il s’agit donc du trait de la clef en question, trait dont l’exécution exigera qu’on élève en premier lieu une perpendiculaire figurant la flèche de l’arc, sur une horizontale figurant la ligne de ses impostes.

Je ne discerne rien au-delà sur le procédé graphique employé par Villard de Honnecourt. La figure représente seulement la clef développée sous trois de ses faces.