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vins henap puist aller al behot. Et par deseur le torete doit avoir j. oiziel qui doit tenir son biec si bas que, quant li henas iert plains, qu’il boive. Adont s’en corra li vins par mi le behot et parmi le piet del henap qui es dobles. Et s’entendes bien que li oiziaus doit estre crues. « Voici une chantepleure qu’on peut faire dans une coupe. Pour cela il doit y avoir au milieu de la coupe une petite tour, et la tour doit être traversée par un tube qui aille au fond de la coupe, tellement donc que le tube sera aussi long que la coupe est profonde. De plus il doit y avoir dans la tour trois lasseaux (pour lui servir de pieds) contre le fond de la coupe, afin que le vin de la coupe puisse aller au tube. Enfin par-dessus la tour il doit y avoir un oiseau dont le bec ira assez bas pour qu’il semble boire, lorsque la coupe sera pleine, alors le vin circulera par le tube et par dedans le pied du hanap qui est à double paroi. Entendez bien aussi que l’oiseau doit être creux. »

Cette explication, aussi bien que la figure qu’elle accompagne, est inexacte ou incomplète. L’oiseau creux et le tube forment siphon ; mais par où amorçait-on ce siphon ?Pourquoi et de quelle façon le pied du hanap était-il double ?Il y a grande apparence que notre auteur ne comprenait pas bien le jeu de l’appareil.

Le principe du siphon a été appliqué, dans le moyen âge, à la construction de certains ustensiles d’église. En 1140. Hugues Payen, évêque du Mans, fit cadeau à sa cathédrale d’un vase de ce genre[1]. « Il est tout orné de pierreries, dit l’auteur qui en parle, et par sa forme ressemble assez à un encensoir, sauf que le chapiteau se termine par un appendice recourbé comme un crochet. Par cet appendice qui est percé d’un trou presque imperceptible, on peut verser le vin dans le calice, sans craindre qu’il s’y mêle ni duvet, ni aucune ordure des ordures qui volent dans l’air. La docte antiquité à donné à cet ustensile le nom de syon. Il est porté en cérémonie par le diacre qui le tient en guise de manipule »

J’ai achevé la revue des appareils mécaniques dessinés par Villard de Honnecourt. Il ne me reste plus qu’à mentionner, comme complément de la matière, deux figures qui concernent la construction des machines. L’une (fol. 20 r.) consiste tout simplement en un cercle sur la surface duquel est appliquée une jauge à trois encoches, tandis qu’une corde enroulée sur la circonférence, s’en éloigne en un point selon la tangente. Au bas est écrit :Par chu tor le vis d’un persoir, «

  1. Gesta pontif. Genom., dans Analecta de Mabillon, éd. In-fol., p. 326.