Bergers, n’est-ce pas là un bon mot charmant ? Ce jour est celui du Saint Corps du Christ ! C’est le jour des danses, où l’Agneau sans tache s’humilie au point de visiter nos pensées, et que par la bouche et l’estomac, il entre dans celles qu’il favorise. Sonne donc, harmonieuse saquebute, puisque de lui dépend tout notre bien. Bergers, n’est-ce pas, etc.
« Que pourrait dire de plus, me dit-il, l’inventeur même des bons mots ? Voyez que de mystères renferme cette parole, Bergers ; elle m’a coûté plus d’un mois d’étude. » Comme je ne pouvais m’empêcher de rire, et que mes yeux et mes narines me trahissaient malgré moi, j’éclatai en m’écriant : « Chose admirable ! Cependant, ajoutai-je, je désapprouve que vous traitiez de saint le corps de Jésus-Christ, parce que ce n’est pas lui qui est saint, mais le jour de l’institution du très-saint sacrement. » — « La plaisante critique ! reprit-il en se moquant ; je vous le montrerai dans le calendrier, il est canonisé, et j’y mettrais ma tête. » Je ne pus insister, tant je riais de son extrême ignorance. Au contraire, je lui dis que ce couplet méritait toutes sortes de récompenses, et que de ma vie je n’avais rien lu d’aussi gracieux. « Non ! répliqua-t-il sur-le-champ. Eh bien, écoutez quelques pages d’un petit livre que j’ai fait en l’honneur des Onze mille vierges, et où j’ai composé, pour chacune d’elles, cinquante huitains. C’est une chose précieuse. »
Pour m’exempter d’entendre tant de milliers de