il était mort aussi honorablement que l’homme le plus élevé, qu’on avait fait de la monnaie de son corps, et que tout cela m’avait été écrit par M. mon oncle, Maître des hautes-œuvres, qui avait opéré en cette occasion. Je lui fis part aussi de l’emprisonnement et de la mort de maman. Enfin je ne lui déguisai rien, parce qu’il me connaissait assez bien pour que je pusse sans honte me découvrir à lui. Il me témoigna tout l’intérêt qu’il prenait à moi, et me demanda ce que je comptais faire. Je l’instruisis de mes résolutions. Ainsi le lendemain il partit assez triste pour Ségovie, et je restai dans la maison, sans rien laisser entrevoir de mes chagrins. Je brûlai la lettre, de peur que si je venais par hasard à la perdre, quelqu’un ne la lût, et je commençai à faire des préparatifs à dessein d’aller à Ségovie recueillir ma succession et connaître mes parents, pour les fuir.
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