dise ceci, je ne prétends pas nier qu’il ne se trouve une excellente noblesse, et même nombreuse, parmi les habitants du premier ordre. Notre hôte me reçut donc d’un air pire que si j’avais été curé et que je lui eusse demandé le billet de confession. Je ne sais s’il le fit à dessein de nous inspirer d’abord du respect pour sa personne, ou si cela est naturel à ces gens-là, car il ne serait pas étonnant qu’on fût d’un mauvais caractère, quand on ne suit pas une bonne loi. Nous plaçâmes notre bagage, nous dressâmes les lits, nous arrangeâmes tout le reste, et nous dormîmes cette nuit-là.
Au réveil, voici tous les étudiants de la maison qui viennent en chemise exiger de mon maître la bienvenue. Comme il ne savait ce que c’était, il me demanda ce qu’ils voulaient ; et moi, pour me précautionner contre ce qui pouvait arriver, je me mis entre deux matelas, montrant seulement la moitié de ma tête, de manière que l’on m’aurait pris pour une tortue. Ils se firent donner deux douzaines de réaux ; après quoi, ils se mirent à chanter, et poussant un cri diabolique, ils disaient : « Vive le camarade ! Qu’il soit au nombre de nos amis ! Qu’il jouisse des privilèges d’ancien ! Qu’il puisse avoir la gale, vivre diffamé, et endurer la faim comme tous nous autres ! » N’étaient-ce pas de belles prérogatives qu’ils nous accordaient ? Quoi qu’il en soit, après avoir proféré ces mots, ils volèrent par l’escalier, et au même instant nous nous habillâmes, et nous prîmes le chemin des classes.