chez mon ami Don Diégo, que je trouvai dans la sienne. Il était blessé, et ses père et mère décidés pour cette raison à ne plus l’envoyer à l’école. J’appris là que ma rosse, ensevelie dans la vidange, ayant voulu faire un effort pour s’en tirer, avait donné deux ruades, mais qu’à cause de son extrême faiblesse, ses hanches s’étaient démises et qu’elle était restée demi-morte sur la place.
La fête ayant donc eu une si vilaine issue, et le peuple étant ému, mes parents courroucés, mon ami blessé, et mon cheval expirant, je résolus de ne plus retourner chez mon maître, mais de rester au service, ou pour mieux dire, en la compagnie de Don Diégo, ce qui plut fort à ses parents, sachant le cas qu’il faisait de mon amitié. J’écrivis chez moi qu’il n’était plus nécessaire que j’allasse à l’école, quoique je ne susse pas bien écrire, parce qu’écrire mal était tout ce qu’exigeait le rôle de gentilhomme que je voulais jouer. Je mandai à mes père et mère que je renonçais en conséquence à l’étude, pour leur épargner de la dépense, et à leur maison, pour ne leur causer aucun chagrin. Enfin je leur marquai comment et où j’étais, ajoutant que je me priverai du plaisir de les voir jusqu’à ce qu’ils me l’eussent permis.