la suite, mon nom, et ils lui répondirent que je m’appelais Don Felipe Tristan, que j’étais un gentilhomme très distingué et fort riche. Je lui voyais faire alors de grands signes de croix. Enfin il s’approcha de moi en leur présence et en celle des dames, et me dit : « Pardon, monsieur, mais jusqu’à ce que j’aie su votre nom, Dieu m’est témoin que je vous ai pris pour tout autre que vous n’êtes, parce que je n’ai rien vu d’aussi ressemblant à un domestique appelé Pablicos, que j’ai eu à Ségovie et qui était fils d’un barbier du même lieu. » Tout le monde rit beaucoup, et m’efforçant de prendre sur moi pour que le changement de couleur ne me décelât pas, je répondis que je serais curieux de voir cet homme, parce qu’un nombre infini de personnes m’avaient assuré que je lui ressemblais on ne peut plus. « Jésus ! s’écriait Don Diégo, comment, ressembler ! La taille, le parler, les gestes sont les mêmes ; je n’ai jamais rien vu de pareil ! Oui, monsieur, je vous proteste que c’est une chose fort étonnante et que de ma vie je n’ai vu deux personnes qui aient un rapport aussi parfait. »
Les vieilles, la tante et la mère l’interrompirent alors, en disant : « Comment est-il possible qu’un homme d’un rang si supérieur ressemble à un coquin aussi vil que celui-là ? » Et pour ôter tout soupçon à leur égard, l’une d’elles ajouta : « Je connais très bien le seigneur Don Felipe, car c’est lui qui m’a logée à Ocana, à la prière de mon mari. » Comme je devinai son intention, je dis que je n’avais ni n’aurai