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Que cette volonté soit remplie ! La nation bulgare et son chef ne peuvent avoir qu’un sentiment, qu’un désir.

Pratiquement indépendante, la nation était arrêtée dans son développement normal et scientifique par certaines illusions et des limitations formelles qui avaient pour résultat une froideur dans les relations de la Turquie et de la Bulgarie.

Moi et la nation désirions nous réjouir du développement politique de la Turquie.

La Turquie et la Bulgarie, libres et entièrement indépendantes l’une de l’autre, peuvent exister avec des conditions qui leur permettront de renforcer leurs relations amicales et de se consacrer au développement pacifique à l’intérieur.

Inspiré par le but sacré de satisfaire les exigences nationales et de me conformer au désir national, je proclame, avec la bénédiction du Tout-Puissant, la Bulgarie unie depuis le 6 septembre 1885, royaume indépendant,

Avec la nation, j’ai la ferme conviction que cet acte rencontrera l’approbation des grandes puissances.


L’union proclamée le 6 septembre 1885, et à laquelle fait allusion le manifeste, est celle de la Bulgarie et de la Roumélie Orientale. Après cette lecture de la proclamation de l’indépendance, le président du Sobranié, au nom du Parlement, requit formellement le prince de prendre le titre de tsar des Bulgares : puis le premier ministre présenta la même requête. Le prince déclara alors solennellement qu’il acceptait ce titre et une grande clameur s’éleva de : « Vive le tsar des Bulgares ! » Le nouveau tsar se rendit à l’église métropolitaine, où un Te Deum solennel fut chanté.


protestation de la turquie aux puissances

Le 7 octobre, le gouvernement ottoman a adressé à toutes les puissances signataires du traité de Berlin la protestation suivante :

Constantinople, le 6 octobre 1908.

Nous avons appris avec un sentiment de profonde surprise, sentiment qui a été certainement partagé par les grandes puissances, que le prince de Bulgarie a proclamé hier, à Tirnovo, l’indépendance de la principauté et son érection en royaume.

Il a en même temps adressé à Sa Majesté Impériale le Sultan un télégramme exposant les principaux motifs de cette détermination.

L’acte inopiné du prince, qui constitue une violation du traité de Berlin, ne s’appuie sur aucun fait pouvant l’expliquer.

En méconnaissant les stipulations de ce traité, le gouvernement princier a donné un exemple des plus démonstratifs de son mépris du droit international, de ses propres engagements et de son manque de déférence pour les conseils des grandes puissances.

Aussi le gouvernement ottoman, comme signataire dudit traité et autres actes y relatifs, au nom de Sa Majesté Impériale le Sultan, suzerain de la Bulgarie et souverain de la Roumélie orientale, s’élève avec force contre l’attitude du prince Ferdinand et fait un pressant appel aux puissances cosignataires du traité de Berlin en les engageant, avec insistance, à aviser au plus tôt aux dispositions voulues, telles que la réunion d’une con-