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Si cette solution est considérée comme absolument impossible, le gouvernement royal, faisant appel aux sentiments d’équité des puissances signataires du traité de Berlin, demande pour la Serbie une compensation correspondante, afin de maintenir les garanties indispensables à son existence d’État indépendant et de rétablir, pour la nation serbe en général, les conditions d’existence, dans la mesure tout au moins où elles étaient assurées par le traité de Berlin.

Enfin le prince Nicolas Ier de Montenegro a adressé, lui aussi, le 8 octobre, à son peuple la proclamation suivante de protestation : Le prince Nicolas exprime sa douleur de l’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine à la couronne des Habsbourg ; il exhorte les Monténégrins à rapprocher leurs cœurs du sien sous le coup terrible porté au sein même du serbisme, en Bosnie et Herzégovine.

Les couleurs noire et jaune de la ligne de démarcation qu’on vient de planter entre nous ne pourront jamais représenter une frontière. Ne formons-nous pas le même corps, la même âme ? Ces couleurs seront, au contraire, le symbole de l’injustice et nous fortifieront davantage dans l’espoir de la victoire finale de la justice,

Les Monténégrins doivent conserver toujours, aussi forte que les roches qui les ont vus naître, l’espérance en l’avenir.

La malheureuse situation actuelle des pays serbes n’est que passagère, et puisque aujourd’hui les stipulations du traité de Berlin sont foulées aux pieds, Spécialement par l’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine, celles de l’article 29 se référant au littoral monténégrin s’annulent de ce fait même et n’ont plus de valeur pour le Montenegro.

Le prince Nicolas est persuadé que les grandes puissances approuveront sa manière d’agir, et il fait appel à ses braves Monténégrins pour le soutenir comme par le passé.


L’indépendance de la Bulgarie.

la proclamation du prince ferdinand

L’indépendance de la Bulgarie a été proclamée le 5 octobre par le prince Ferdinand, à Tirnovo, dans l’église des Quarante-Martyrs, où avait eu lieu autrefois le couronnement du tsar Asen. Voici le texte de la proclamation lue par le prince au peuple assemblé :

Suivant les volontés de notre libérateur, dont jamais ne s’effacera le souvenir, et de la grande nation russe à laquelle nous relient les liens de parenté, avec le concours de nos-bons amis et voisins, sujets du roi de Roumanie, et à l’aide également des héros bulgares, le 18 février 1878 furent rompues les chaînes qui liaient depuis tant de siècles la Bulgarie, jadis grande et glorieuse puissance.

À partir de cette époque jusqu’à aujourd’hui, pendant trente ans, la nation bulgare, conservant le souvenir de ceux qui avaient travaillé pour la cause de sa liberté et s’inspirant de leur tradition, a travaillé elle-même sans cesse à assurer les progrès de son beau pays et, sous mon régime et sous le régime de feu le prince Alexandre, en a fait un peuple qui peut prendre place sur un pied d’égalité dans la famille des peuples civilisés, tout en le dotant des avantages du progrès intellectuel et économique.

Engagée dans cette voie, rien ne devrait arrêter les progrès de la Bulgarie, rien ne devrait entraver son succès. Tel est le désir de la nation ; telle est sa volonté.