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coiffés de turbans, dont l’un portait sa traîne et dont l’autre tenait ouvert un parasol de plumes de coq. Il était grand ; sa peau était noire et il avait une longue barbe blanche. Il tenait à la main une haute canne de jade dont il me frappa en criant d’une voix terrible :

— Que viens-tu faire ici, malheureuse ?

La colére faisait palir ses joues, et son petit bonnet pointu brodé de lys violets tremblait sur sa tête.

Je me jetai par terre devant lui, et j’embrassai ses pieds nus frottés d’ocre. Je lui racontai mon histoire en levant la tête, en pleurantet en me frappant la poitrine et je le suppliai, en touchant ses mains chargées d’anneaux, d’épargner ma vie et de me traiter comme une esclave.

Il ne me répondit pas, et sans me faire un signe il continua de marcher dans le jardin. Je le suivis, pleine de crainte. Nous passâmes près d’un étang dont les poissons étaient incrustés de pierres brillantes et au bord duquel s’élevait une maison en rocaille dont le toit formait une terrasse ou poussaient des orangers.