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Et nous nous endormîmes là tout d’un coup, atteint de ce profond sommeil que les gens du pays appellent le mal des montagnes.

Le lendemain matin, je fus éveillé par le cri de la chaîne du puits. Les filles du village venaient emplir leurs seaux. Les bohémiens et mon maître dormaient encore. L’ours grognait en tirant sur sa chaîne. La neige, amassée sur la bâche de la charrette, s’était gelée pendant la nuit et formait des chandelles de glace autour de la capote, sur les courroies et sur les essieux.

Les toits du village étaient blancs tout autour de moi. Le cabaretier, sur le seuil de sa maison, nous regardait, les mains dans son tablier. Il avait un chapeau tyrolien.

Le soleil chauffait les arbres de la place et le portail de la mairie. Des gouttes d’eau tombaient de feuille en feuille et résonnaient sur le pave, le long des gouttières.

Je n’avais pas froid. Je sentis quelque chose de tiède sous mon bras et le long de mon corps. Je soulevai mon manteau et je vis que toutes les marionnettes avaient quitté pendant la nuit le