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APPENDICE


fixée pour l’usage des missions[1] dans les collèges des Jésuites de Bahia, d’Olinda et de Rio de Janeiro et dans leurs maisons ou résidences d’Ilhéos, de Porto-Seguro, de Espirito-Santo, de São Vicente et de São Paulo de Piratininga. Plus tard, au XVIIe siècle, les Jésuites commencèrent leurs missions à Maranhão et dans le bassin de l’Amazone. Jusqu’en 1755, la langue générale est restée celle de la chaire dans les missions jésuitiques du Brésil, surtout dans la région septentrionale.

La première grammaire de la langue générale a été composée à São Vicente par le célèbre Père Joseph de Anchieta[2] : c’est l’Arte de grammatica da lingoa mais usada na costa do Brazil, imprimée à Coimbre en 1595. Puis vinrent le Catecismo na lingoa brasilica, du Père Antonio de Araujo (Lisbonne, 1618)[3] ; l’Arte de grammatica da lingua brasilica, du Père Luiz Figueira (Lisbonne, sans date, mais imprimée en 1621)[4] ; le Tesoro de la lengua guarani (Madrid, 1639), l’Arte y bocabulario de la lengua guarani et le Catecismo de la lengua guarani, du Père Antonio Ruiz de Montoya (Madrid, 1640)[5] ; et le Compendio da doutrina christãa na lingua portugueza e brasilica, du Père Betendorf (Lisbonne, 1687)[6]. Ces ouvrages ont été réédités. Le catéchisme du Père Araujo a été réimprimé en 1686, à Lisbonne, et la grammaire du Père Figueira en 1687 et en 1785, à Lisbonne, et en 1851-52, à Bahia. Le Père Paulo Restivo a fait imprimer, avec corrections et additions, à Santa-Maria la Mayor[7], en 1722, le vocabulaire de Montoya et, en 1724, la grammaire (Arte)[8]. Le savant botaniste brésilien Conceição Velloso a publié en 1800 à Lisbonne une nouvelle édition de l’ouvrage de Betendorf, et, grâce à Platzmann et au vicomte de Porto-Seguro, nous possédons des éditions modernes des travaux d’Anchieta, de Figueira et de Montoya[9]. Il est regrettable que les deux volumes du Père Restivo n’aient pas été réimprimés ; ils sont devenus extrêmement rares.

Les ouvrages suivants sont aussi très intéressants pour l’étude du guarani : Explicacion de el Catechismo en la lengua guarani par Nicolas Yapugai con direccion del P. Paulo Restivo de la Compañia de Jesus (Santa Maria la Mayor, 1724)[10] ; Sermones y exemplos en lengua guarani por Nicolas Yapugay con direccion de un Religioso de la Compañia de Jesus (San Francisco Xavier, 1727)[11] ; Ara poru aguĭyey haba, du P. Joseph Insaurralde (Madrid, 1759-60, 2 vol. pet. in-8).

Parmi les manuscrits du XVIe au XVIIIe siècle, on peut citer les écrits et poésies du P. Anchieta en langue tupi, la Breve noticia de la lengua guarani sacada de el Arte y escritos de los PP. Antonio Ruiz de Montoya y Simon Bandini, manuscrit de 1718, qui apartient à la bibliothèque de l’Empereur du Brésil, et le Journal du siège de la Colonia en 1704.

Une traduction guarani, modifiée et résumée en partie, de la Conquista espiritual de Montoya, a été publiée dans le t. VI des Annales de la bibliothèque nationale de Rio de Janeiro, et traduite en portugais par Baptista Caetano de Almeida Nogueira, qui l’a fait suivre d’un vocabulaire (t. VII des Annales), travail de la plus haute

  1. En portugais, Missão (Missões, au pluriel) ; en espagnol, Mision (Misiones, au pluriel). Un village d’Indiens convertis était désigné par les Espagnols sous les noms de Mision ou de Reduccion (reducciones, au pluriel), par les Portugais sous les noms de Missão ou de Reducção (reducções, au pluriel). Souvent les Espagnols donnaient à ces missions le nom de Pueblo, applicable à tous les villages, tandis qu’au Brésil on a désigné toujours, et on désigne encore, sous le nom d’Aldeia les villages d’indiens convertis ou non. Les villages non indiens sont nommés au Brésil des povoações (povoação, au singulier).
  2. Joseph de Anchieta, né à San Cristobal de Laguna ; dans l’ile de Teneriffe, le 7 avr. 1534, fit ses études à Coïmbre et entra le 1er mai 1551 dans la Compagnie de Jésus. Il arriva à Bahia le 8 juil. 1553 et, depuis lors il ne quitta plus le Brésil. Il mourut le 7 juin 1557 à Rerityba, village qui est devenu la ville de Benevente, dans la prov. d’Espirito Santo, et dont le nom vient d’être changé, par l’Assemblée législative de cette province, contre celui d’Anchieta.
  3. Le Père Antonio de Araujo est né dans l’île de São Miguel (Açores) en 1566. Entré dans la Compagnie de Jésus à Bahia, il est mort en 1632.
  4. Le Père Luiz Figueira, né à Almodovar (Alemtejo, Portugal) en 1575, entra dans la Compagnie de Jésus, à Evora, en 1599, et passa au Brésil en 1602. Ayant fait naufrage en 1643 devant l’île de Marajó, il est mort martyr entre les mains des Aruans, sauvages qui habitaient cette île. Voir sur sa mort le Père José de Moraes, Hist. da Companhia de Jesus na extincta provincia do Maranhão e Pará, liv. III, chap. IV.
  5. Le Père Antonio Ruiz de Montoya, de la Société de Jésus, est né à Lima en 1583 et y est mort en 1652. Il a été un des fondateurs des missions jésuitiques des bassins du Paraná, de l’Uruguay et du Jacuhy, détruites en grande partie par les Paulistas aussitôt après leur fondation.
  6. Le Père Jean-Philippe Betendorf, né à Luxembourg en 1626, entra dans la Compagnie de Jésus en 1645, et fut envoyé au Brésil en 1674. En 1697, il vivait encore à Maranhão.
  7. Santa Maria la Mayor n’était pas le bourg de Loreto comme l’a supposé un bibliographe moderne. Le premier de ces bourgs (Pueblo) se trouvait sur une colline non loin de la rive droite de l’Uruguay, en amont de l’Ijuhy, affluent de la rive gauche. Ce bourg a été rasé en 1817, et on n’y voit aujourd’hui que quelques ruines.
  8. Vocabulario de la lengva gvarani compvesto por el Padre Antonio Ruiz de la Campañia de Jesus Revisto, y augmentado por otro Religioso de la misma Compañia. En el Pueblo de S. Maria la Mayor. El Ano de MDCCXXII. In-4º de 2 ff. prélim. et 589 pp. — Arte de la lengua Guarani por el P. Antonio Ruiz de Montoya, de la Compañia de Jesus, con los escolios anotaciones y apendices del P. Paulo Restivo de la misma Compañia sacados de los papeles del P. Simon Bandini y de otros. En el Pueblo de S. Maria la Mayor. El año de el Señor MDCCXXIV.
    Le Père Restivo déclare, dans l’avis au lecteur de l’Arte, avoir utilisé les travaux des PP. Bandini, Mendoza, Pompeyo, Insaurralde, Martinez et Nicolas Yapugay. — L’Empereur du Brésil et la Bibliothèque nationale de Rio de Janeiro possèdent des exemplaires du Vocabulario de Restivo, et le docteur Couto de Magalhães possède un exemplaire de l’Arte du même auteur.
  9. La grammaire d’Anchieta a été réimprimée par J. Platzmann, à Leipzig, en 1874 et en 1876 (cette dernière édition est un fac simile de la première). La grammaire de Figueira, à Bahia, en 1851-52, par Silva Guimarães ; à Leipzig, en 1878 par Platzmann ; à Rio de Janeiro, en 1880, par M. Emile Allain, qui l’a annotée ; le Tesoro, l’Arte et le Vocabulario de Montoya, par Platzmann, à Leipzig, en 1876 (réimpression fac simile) et la même année par le vicomte de Porto-Seguro, à Vienne.
  10. Le vicomte de Porto-Seguro a publié à Vienne en 1876 l’Historia da Paixão de Christo e taboas dos parentescos em lingua tupi, extraits de cet ouvrage.
  11. Le Pueblo de San Francisco Xavier a été détruit en 1817. Près de ses ruines s’élève aujourd’hui le village de San Javier sur le « territoire » argentin de Misiones (« Gobernacion » ou « territorio nacional de Misiones »).