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CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

Le surnom que l’on donne en certaines eonti’ées aux méné triers, dit bien d’où ils viennent. Lorsqu’ils entrent dans un bourg, la veille àupm’don, en soimmit un air qui les annonce, les enfants d’accourir et de s’écrier :

(( Polred hro-ar-c’hoat — (Voici) les hommes du Pays-du-Bois !

» D’autres fois, c’csl : « PolredKerneiv »

En Tréguier, par cette locution, hro-nr-c’hotU, on désigne la Corn ou ai Ile, Quant à potred Kernrw, Kerne.wiz (les Cornonaillais), cela n’a pas besoin de commentaire.

C’est dans la Gornouailicquc persisteront le plus longtemps les caractères originels de la race. Oui, la ligne du chemin de fer semble avoir tracé dans la région une séparation ethnographique. Elle a coupé en deux, vers le milieu, l’ancien évêché de Tréguier. De Louargat et de Bcllc-lsle on ne vient plus au-delà de Bégard ; les charbonniers de Goat-ann-Noz ont avec peine entretenu jusqu’à présent leurs relations avec les habitants de la côte ; et, au rebours, do la « presqu’île » (cantons de Palmpol el de Tréguier) ou des environs, les chiiïonnicrs nomades de La Roche-Dcrrien sont restés les seuls qui s’aventurent, au travers de la voie ferrée, jusqu’au Aoîs.

Les Cornonailiais passent pour des gens rudes à manier, lis ont, plus que les Léonards, le culte de la force brutale. On leur applique, dans la langue courante, la même épîlhète

— goue — qu’aux sangliers : « muc’h goue (des cochons sauvages ) » ; — « potredKeimew, tud goue (les hommes de Cornouaille, gens farouches). » Dans l’argot des nomades de La Roche, mond da Gerneo (aller en Cornouaiile), c’est : aller en pays inconnu, au lointain, d’où l’on ne revient plus ; ou c’est encore : partir pour un pays où l’on ne mange plus du pain {e tu ail davro ar bard.

Entre Louargat et Callac un pardon ne se termine pas sans une bataille au penn~baz. Une locution très usitée, sur lo compte des Cornoiiaillais ; « Pa ne verd (Par boso, vijenn me bet lac’het, — sans les bosses (les nœuds du bâton), j’aurais été tué, » Il y a quelque naïveté féroce dans cet aveu : ■< Les nœuds seuls ont porté ; et je serais f