Page:Quellien - Chansons et danses des Bretons.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée
26
CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

La Bretagne armoricaine fut à juste titre surnommée la « terre dos saints », ainsi que la Bretagne insulaire cl l’Irlande. Elle est pleine de sanctuaires et d’oratoires consacrés sous des vocables pour ainsi dire indigènes, on celtiques. La plupart de ces noms remontent à l’époque où les Irlandais et surtout les Bretons, chassés par les Saxons, les Angles cl d’autres envahisseurs, émigrèrent en Armorique, du v* au vu* siècle. Les personnages de ce temps-là qui nous ont été transmis par la tradition populaire et ceux de l’histoire écrite ont presque tous été béiitinés ; les origines de la Bretagne actuelle seraient donc dans l’hagiographie, et les monuments élevés aux fondateurs de la nationalité pourraient en être les documents les moins réfutables. C’est autour dos chapelles, le jour du pardon, qu’il faut écouler les canlilëncs, l’histoire des saints d’après la tradition. 11 n’est pas iin de ces pieux personnages qui n’ait été célébré dans un gwerz religieux, naïf récit que les gens du peuple commencent à oublier, il est vrai, depuis qu’on leur apprend à lire dans la Vie des Sainis. Parcourez un bourg et interrogez dix habitants sur le patron de la paroisse, vous obtiendrez dix fois la mémo iiarralion. Entrez dans n’importe quelle ferme, vous y trouverez une publication en hrcloii, dans laquelle le penn-li, ou bieu l’enfant qui va à l’école, fait chaque soir une lecture édinante ; quelquefois on possédera même un ancien « propre du diocèse », du temps des neuf évêchés de Bretagne ; peut-être aura-t-on en outre le cantique du patron de la paroisse : mais voilà tout ce qu’on sait el tout ce qu’on dit. En demander davantage, c’csl frapper à des portes fermées ; vouloir qu’on en débile plus que les livres, c’csl inviter presque à sortir-de la doctrine ; votre curiosité passera au moins pour puérile, el vite à bout de patience sur un tel sujet on vous répliquera : « Nous n’inventons pas ; tout cela est écrit, et si vous savez lire... » Ouï, et c’csl précisément parce que celte légende est consignée dans Buez ar Sent, qu’elle n’est plus sujette aux variations de la tradition orale ; maintenant c’est parole d’Évangite, Autant s’en tenir à