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CHANSONS ET DANSES DES BRETONS

sons comme un roulement, suivant les occupations de Tannée : ils auraient garde de se perdre dans leur répertoire,à la Noël,par exemple, à la fétc des Rois, à la Saint-Jean,à la qucte du lin* Autre genre, ceux qui exercent un métier avoué* Il est incontestable que les meuniers, les tailleurs, les tisserands, sont les plus sûrs dépositaires de la véritable poésie populaire* Aussi bien que les bardes ambulants, ils auront la vanité de servir à qui les interroge le régal de leurs compositions, une satire, ou une chanson légère, ou une élégie, qu’ils auront eux-mèmes rimées sur des faits récents. Comme ils ne riment pas pour vivre, mais qu’ils « chantent pour rire», on trouve toujours quelque chose de bon a prendre dans ce qu’ils ^ présentent. Du reste, avec im peu de patience, ou quelque habileté, on extrait de leur mémoire dos œuvres impersonnelles. La plupart des chansons populaires n’ont pas d’authenticité ; elles n’en sauraient avoir ; Tauteur en est anonyme. Sortent-elles toujours du peuple ? Il est probable qu’elles proviennent, lo plus souvent, d’un être moins collectif ; mais il appartient toujours au peuple de les transmettre ou de les vouer à Toubli*

Les chants de kloer sont nombreux, particulièrement au pays de Tréguier. Le kloarek était un écolier du temps où les collèges étaient rares et les étudiants libres : aussi bien les classes vaquaient-elles plus que de règle. Les jeunes gens que leurs pères, bons paysans, avaient envoyés à Técoie pour en faire des prêtres, fuyaient volontiers les livres ; ils s’en allaient sous quelque petit bois, derrière une chapelle ancienne, rêver d’une pmnhei*f^z^ et ils contaient kindottsikkoant ^ dans la langue natale, leur peine poétique. Quelquefois Théritièrc n’était pas une inhumaine ; et le séminariste ne poussait pas alors jusqu’à la prêtrise. L’internai partout amis fin à la vie libre et aux chansons du kloarek.

Mais d’autres chanteurs succèdent aux kloer. La poésie d’une race ne disparaît pas avant la langue qui l’a produite ; elle se transforme, selon les âges, avec la famille ethnique qui se sert de cet idiome* Les Bretons ont vécu trop longtemps à la recherche du beau immatériel et avec la notion du surna-^