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NOTES DE VOYAGE

première fois sur leurs traditions. Le paysan qu’on interroge au-delà de ce qu’il veut bien avouer, s’amuse à mettre en défaut et à déjouer les plus avisés. Et plus encore, si Ton tombe sur un terrain qui n’est pas du tout préparé, d’un compatriote on devient un envahisseur. C’est à qui n’aura rien dans la mémoire : depuis longtemps, disent-ils, on n’a plus chanté dans le pays, que des bagatelles sans la moindre poésie ou des airs venus du dehors. L’on bat une contrée* dans tous les sens avant d’en tirer une note ou un refrain. Je m’obstinais pourtant à retrouver de vieilles chansons que j’avais moi-même sucs tout jeune et dont quelques couplets incertains ou inachevés me remontaient encore dans le souvenir. Nous avions enfoui là, sous le sol trécorrois, ces trésors, et j’étais certain que nul n’avait découvert les cachettes depuis mon départ. Seulement, ceux qui en avaient la garde, étaient-ils morts ou partis ?

Certainement, ces difficultés n’apparaissent pas si monstrueuses à tous les chercheurs ; une recommandation de personnages influents est utile pour les lever ; ainsi, toutes les portes s’ouvrent devant le maire ou le recteur * de l’endroit. Et même, à quoi bon requérir les autorités locales, pour apprendre d’un particulier ce que tout le monde sait ? Dans un pays de traditions comme la Bretagne, chacun a l’imagination pleine de récits merveilleux et la mémoire encombrée de chansons. Vous entendrez des gwerz et des sonn à souhait dans la première maison qui vous donnera l’hospitalité ; et - le tout d’une façon plus correcte, autrement chanté que par ces illettrés, mendiants, tailleurs, tisserands et meuniers, qui ont eux-mèmes inventé les airs, ou composé les chansons. Oui ; et c’est ainsi que des étrangers s’imaginent quelquefois apprendre plus vite la littérature d’un peuple en

f. Avec une eigoiflcatlon très r«8treintft ; c’e»t un min du pays. Au lieu de eonMe, ou dit encore quartier (Voy. le Fin Pilou).

2. Le recteur, c’est le deaBervaiit d’une simple paroieee ; le curé, celui d’une ville ou d*un chef-lieu de canton. En breton, le curé ou te rtcleur, c’eet : ar perron, indUUncteinent ; le vicairt s’appelle Aure, et avec l’article ar e’hure (c’A se prononce cotume A aspiré du français ; f fermé : é n’est jamais muet, en breton).

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