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DE L’IMITATION.

le genre épique ne sauroit ni prêter ni emprunter à un autre l’héroïque et le merveilleux, qui, dans l’ordre des idées dont se compose sa nature, forment son caractère particulier.

De quelque manière qu’on analyse ce qui constitue le modèle général de l’imitation morale, ou des arts de la poésie, on y trouvera, comme dans celui de l’imitation physique, la même diversité de points de vue ; on verra qu’aucun art ne peut en embrasser plus d’un, parceque chacun est limité, dans un seul aspect, par les lois de sa nature ; on se convaincra que ces lois sont fondées sur les séparations élémentaires des facultés de l’ame, auxquelles chaque art est forcé de s’adresser séparément, et sur les qualités des objets de l’imitation qui ne peuvent être réunies dans une seule et même image. Effectivement, comme on va le voir, l’unité même de l’ame s’oppose à ce qu’elle puisse recevoir, de deux imitations à-la-fois, deux impressions simultanées, c’est-à-dire en un seul et même moment, et d’un seul et même art, dans un seul et même ouvrage.