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DE L’IMITATION.

avons été conduits à reconnoitre que le moyen actif qui le procure, est la comparaison ; mais la comparaison nécessitant le rapprochement, l’idée de rapprochement force d’admettre celle de distance entre le modelé et la manière d’imiter qui en produit l’image, entre les éléments de l’objet imitable et les éléments de l’objet qui imite.

Ce qu’il peut y avoir de vague dans cette notion, va tout de suite acquérir plus de précision, par la notion contraire, rendue sensible dans des exemples qui feront voir certains cas, où la distance imitative disparoit et devient nulle, sans cependant que l’artiste ait manqué aux lois de l’imitation.

Supposons donc que le sculpteur, qui a droit d’employer à la représentation des corps toutes sortes de matières, imite en bois un tronc d’arbre, en pierre un rocher, en bronze un instrument métallique, on conçoit qui n’aura là par le fait et pour l’œil, aucune distance entre la chose à imiter et la chose qui imite. On trouvera encore une extrême proximité entre l’original et l’image, dans certains ouvrages de peinture en tapisserie, où cet art rendant avec la matière même dés étoffes de laine ou de soie colorée, les habillements de soie ou de laine des personnages, ne laisse, pour ainsi dire, aucune distance entre cette partie de l’objet qu’il imite et son imitation. On a déjà fait connoitre (au paragraphe x) des cas assez nombreux, où sur la scène le poëte, le compositeur