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DE L’IMITATION.

pendant, sur-tout de la puissance morale de l’imitation, et de notre propre coopération, l’ame est réduite à d autant moins d’activité, que l’imitation participe plus de l’identité, et que l’image se borne plus à la répétition de la idéalité.

Le paragraphe suivant appuiera cette doctrine par un fait assez peu aperçu jusqu’ici, je veux dire par l’échelle comparative des rangs que l’opinion générale assigne aux différents arts, en raison des jouissances qu’ils procurent. Mais la chose se prouve d’elle-même encore, par la simple analyse de la manière dont l’ame jouit des œuvres de l’imitation.

Deux sortes d’opérations font nécessairement partie de l’espèce de travail sans lequel, restant inerte ; elle n’éprouve aucun plaisir : car pour elle agir, en fait d’imitation, c’est jouir.

La première de ces opérations, dont on a déjà parlé (au paragraphe I), est celle par laquelle l’ame juge des ressemblances que les arts lui présentent. Toute ressemblance de ce genre, emporte avec soi l’idée de modèle et celle d’image. Le jugement que l’ame porte entre ces deux choses, résulte du rapprochement qu’elle fait de l’une et de l’autre, et par conséquent de l’action, de comparer. Puisque l’ame trouva du plaisir à l’imitation, c’est une preuve qu’elle se plaît à faire des comparaisons.

Nous avons déjà vu que l’ame ne se plaisoit point à l’imitation prétendue, qui, n’étant qu’une répétition