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de soustraire les monumens à la censure : lorsque les cent yeux de celle-ci s’ouvrent sur l’ouvrage nouveau, une sorte de voile officieux semble s’interposer entre elle, et ces productions qu’ont respectées les siècles. Elles ont acquis une sorte de droit de nature. C’est qu’outre mille autres raisons qu’on en pourrait apporter, toutes ces circonstances morales leur donnent la propriété de s’adresser au sentiment ; c’est qu’indépendamment du mérite plus ou moins remarquable de ces ouvrages, ils tirent une grande partie de leur valeur des rapports que j’ai à peine indiqués, source d’impression plus féconde qu’on ne saurait le dire.

Aussi, le véritable amour de l’antiquité vous dit de séparer, le moins qu’il est possible, ses vénérables débris, des lieux, des circonstances et de l’ensemble d’accessoires avec lesquels ils sont en rapport.

Un de ces hommes qui ne prisent dans les monumens antiques que ce qui est rare ou ce qui est cher, eut un jour la bizarrerie de convoiter ce temple qu’on appelle à Tivoli le temple de la Sibylle, monument à demi-ruiné, comme l’on sait, mais instructif encore dans ses détails, et plus intéressant par sa position.

Nommer ce lieu à l’artiste qui l’a visité, c’est