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d’où dépendent l’impression du plaisir et la sensation du beau, l’on verra que c’est le résultat d’une harmonie inappréciable, c’est-à-dire, d’un nombre infini de combinaisons, dont la délicatesse échappe à l’intelligence. Rarement on parvient à les définir ; on jouit de leur présence sans s’en rendre compte ; et c’est plutôt par leur privation que nous apprenons à les connaître. Il y a ainsi beaucoup de choses que nous ne trouvons qu’en les perdant et dont nous n’avons que des idées négatives. Ainsi, nous pouvons mieux dire ce que n’est pas la grâce, qu’il n’est possible de définir le charme de cette qualité, ni la cause qui la produit.

La nature a attaché la faculté de plaire à une multitude de causes inaperçues. Il en est d’autres aussi que la théorie peut saisir.

Par exemple, qui n’a point remarqué combien, dans tout ce qui nous émeut fortement, la nature semble avoir pris soin de composer aux objets qui nous touchent, un accompagnement de séductions et d’analogies propres à nous concentrer dans l’effet qu’elle veut produire. Rien ne nous émeut, qui ne remplisse entièrement notre âme. Toute distraction détruit l’impression. Aussi avec quelle surabondance les tableaux vivans de la nature