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sorte, en les bannissant de tous les emplois politiques, religieux et moraux. Ce faux honneur fait aux objets qu’on renferme avec tant de respect les déprime dans l’opinion publique, plus qu’il n’en relève le prix. On s’habitue à en juger comme on juge d’un concours ; on distribue les rangs entre les artistes. On ne s’occupe plus qu’à comparer dessin avec dessin, couleur contre couleur. On calcule les beautés et les défauts, on fait une balance pittoresque, et l’on place tout dans cette balance, excepté les raisons et les causes qui ont influé sur les qualités qu’on prétend soumettre au calcul.

De là une habitude pernicieuse, celle de ne plus rien estimer, qu’en raison d’une perfection abstraite, de ne point vouloir de défauts, de ne pas tenir compte des raisons qui excusent, et quelquefois légitiment ce qu’on prend pour une erreur, et ce que les lieux, les circonstances et la faveur des considérations qui s’y attachent, auraient fait regarder avec admiration.


Si les collections pouvaient ne présenter qu’un recueil choisi de ce qu’il y a de plus parfait, on ne craint pas de dire encore qu’un tel rassemblement, en devenant excessif, produirait sur l’esprit du public un effet d’un autre genre, également désavantageux