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son ouvrage, il apprend à les employer ainsi qu’ils doivent l’être, comme des moyens dont la valeur dépend de l’effet qu’ils produisent. Alors il ne borne plus l’emploi de la science et de l’étude à faire montre d’étude et de science ; mais elles deviennent pour lui ce qu’elles sont réellement, un des ressorts de cette puissance imitative, dont le triomphe est d’émouvoir le cœur et de satisfaire l’esprit. Les deux principes de l’Art retrouvent ainsi leur équilibre, et rentrent dans l’ordre qui convient à chacun. La destination morale de l’Art a repris l’empire.


Ce qu’on vient de dire sur cette direction abusive des Arts, qui détourne les artistes du point de vue d’utilité morale, sous lequel leurs ouvrages devraient être produits, s’applique aussi aux amateurs qui les jugent. Naturellement l’usage de considérer comme sujets ou objets d’étude les productions de l’Art habitue à n’y estimer que la partie technique ou le travail, et finit par les réduire au seul emploi d’exercer la critique.

Tout devient ici réciproque entre les artistes et ce qu’on appelle soit les amateurs, soit les connaisseurs. De la vicieuse manière d’envisager, d’encourager