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vrages capables de produire de grandes et fortes impressions, doit être de faire en sorte que l’artiste en reçoive lui-même de la nature et de l’emploi de son ouvrage. Or quelle source d’impressions plus féconde pour lui, que ces grands rapports d’utilité générale, que cette correspondance des sentimens publics avec les sujets qu’il traite, que cette nécessité de s’élever, dans l’ouvrage destiné à être la propriété de tous, aux idées de perfection et de beauté que tous ont le droit d’exiger ?

L’homme n’est pas aussi capable qu’on semble aujourd’hui le croire, de s’élever tout seul. Il lui faut, quoi qu’on en dise, un ressort qui le soulève, un aiguillon qui le stimule. Ce ressort et cet aiguillon, je les trouve sans force et sans pointe, dans ces sortes de répartitions des travaux à domicile, qui, comme des secours alimentaires, ne font qu’entretenir la vie sans donner de la force, conservent le feu sans le faire briller, et ne portent que la tiédeur dans les opérations du génie.


Si, quittant ces considérations générales, on veut faure l’application du principe de la destination des ouvrages à la manière particulière dont l’abus influe sur les habitudes même de l’artiste, et la direction de son talent pratique, on se