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diriger dans cette route morale de l’imitation, c’est une raison de plus pour ceux que touche le soin d’une si noble direction, d’apporter dans l’encouragement des parties diverses de l’imitation ce discernement éclairé de tous les moyens propres à faire prévaloir les destinations qui ennoblissent les Arts, sur celles qui les dégradent.


Qu’on se garde surtout d’assimiler leurs productions à celles qui, soumises aux caprices de la société, reçoivent du pouvoir de la mode cette valeur du moment, que la nouveauté donne aux objets qu’elle crée et détruit en un jour.

Il y a entre les Arts du luxe et les Arts du génie la même distance qu’entre le goût du luxe et le goût du beau.

Le premier, ou tient à la vanité qui n’aspire qu’à se distinguer, ou provient de la satiété d’un appétit qu’on ne peut réveiller que par les changemens. Le second ne connaît ni les besoins factices des distinctions, ni le dégoût de ce qui est son aliment ordinaire. Ce qu’il a voulu un jour, il le veut tous les jours. Le goût du luxe tient au principe sensuel, le goût du beau au principe moral. Or, ce qui est sensuel est variable à l’infini ; ce