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jours sûr de l’obtenir. Voilà pourquoi les encouragemens pécuniaires sont à peu près infaillibles pour obtenir la plus grande perfection des produits industriels, mais ils sont à peu près inutiles pour obtenir des Arts du génie cette valeur morale dont on voudrait que résultât la valeur mercantile. Le mérite des chefs-d’œuvre du génie ne peut ni se commander exprès, ni s’obtenir à volonté. Il tient à un ordre de causes sur lesquels on n’a point de pouvoir direct, et que l’argent produit moins que tout autre agent. Tel chef-d’œuvre a quelquefois coûté dix fois moins de temps et de peine que le plus mauvais ouvrage.


Une autre manière de voir également abusive en ce genre, est celle qui tend à faire confondre avec les productions inutiles, ou les frivolités du luxe, les Arts du génie et de l’imitation de la nature. Cette manière de voir provient plus qu’on ne saurait dire, chez le public, de l’estime maladroite que portent aux productions de l’Art ceux qui veillent à leur conservation. Il est pour ces productions des soins plus dangereux même que la négligence ; ce sont ceux qu’on leur prodigue, lorsque, les transformant en objets de luxe et de