Page:Quatremère de Quincy - Considérations morales sur la destination des ouvrages de l’art, 1815.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(2)

forcé d’être. C’est ce qu’on nomme spontanéité dans le règne naturel, force des choses ou fatalité dans l’ordre moral.

Lorsqu’on envisage les arts dans l’exercice habituel qui s’en fait chez une nation, le mot nécessaire exprime cette liaison naturelle qu’ils ont quelquefois avec les principaux besoins des hommes en société, ce qui met la forme d’une société dans une telle dépendance des Arts, que, sans eux, cette forme cesserait d’exister. Telle est, par exemple, l’espèce de nécessité de l’écriture.

Envisagés dans l’emploi qu’on fait de leurs productions, les Arts seront et s’appelleront aussi plus ou moins nécessaires, selon l’application qu’on saura faire de leurs ouvrages à des usages précis et utiles. On appelle donc ouvrage nécessaire, celui qui a un but fixe et déterminé, un emploi tellement positif, que cet emploi fasse un devoir à l’auteur de lui imprimer un caractère spécial, contraigne le spectateur d’en porter un jugement conforme aux raisons qui l’ont fait produire, et le public d’en recevoir des impressions uniformes et déterminées.

Si l’on veut se rendre compte plus en détail des causes qui concourent à la perfection des Arts, on verra qu’il en est peu d’étrangères à ces trois