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À HÉGÉSIPPE MOREAU.


Hélas ! il a fallu, d’un cœur que rien ne dompte,
T’armer contre l’oubli, l’isolement, la faim,
Et vider jusqu’au fond d’indigence et de honte
Un calice trop plein.

Poète infortuné ! d’une parole amie
Tu n’as pas entendu l’accent consolateur
Ranimer doucement l’espérance, la vie
Et l’amour dans ton cœur.

Sur les avides bords du funèbre royaume,
Le malheur t’a conduit par d’épineux chemins,
Triste, et le front baissé, passant comme un fantôme
Seul parmi les humains.

Ah ! ta vie en effet leur était étrangère ;
Qu’importe aux vils roseaux la fleur au doux parfum !