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À HÉGÉSIPPE MOREAU.

Oublieux de ses chants, ils l’ont laissé descendre
Dans la nuit sans réveil.

Pauvre cygne, exilé sur une ingrate rive,
En vain tu modulais des sons harmonieux ;
Pour forcer de l’écho la voix triste et tardive,
Il fallait tes adieux !

Présent cher et fatal ! ce flambeau du génie,
Que tu reçus des cieux avec un juste orgueil,
Ne devait donc briller qu’au jour de l’agonie
Pour éclairer ton deuil !

Ah ! du pressentiment la voix intime et sombre,
Sans doute, avait jeté sa tristesse en ton sein,
Quand, du chantre d’Armide évoquant la grande ombre,
Tu pleuras son destin.