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LA PROMENADE.


Du moment qui nous luit savourons bien l’ivresse,
Qui sait ce que demain peut apporter d’effroi ?
Aujourd’hui le bonheur, les baisers, la tendresse ;
Demain ? demain peut-être, emporté loin de moi,

De l’océan du monde affrontant les orages,
À toi, crédule enfant, qui comptes sur le sort,
Les fruits amers cueillis sur de lointains rivages
Et les écueils brisant ton esquif loin du port.

Tandis que dans ces lieux ton amante enchaînée,
Comme un oiseau captif sous de cruels réseaux,
Impuissante à lutter contre la destinée,
Consumera ses jours dans un mortel repos.

Ah ! qu’aujourd’hui du moins tout entier m’appartienne
Sous ces ombrages verts, ami, reposons-nous ;