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ÉPÎTRE DE M. DE LAMARTINE.

Que bat le vent du nord ou l’aile du vautour,
Incliner sur le mur sa tige échevelée ;
Non, je n’ai jamais vu la stérile beauté,
Pâlissant sous ses pleurs sa fleur décolorée,
S’exhaler sans amour et mourir ignorée,
Sans croire à l’immortalité !

Passe donc tes doigts blancs sur tes yeux, jeune fille !
Et laisse évaporer ta vie avec tes chants ;
Le souffle du Très-Haut sur chaque herbe des champs
Cueille la perle d’or où l’aurore scintille ;
Toute vie est un flot de la mer de douleur ;
Leur amertume un jour sera ton ambroisie ;
Car l’urne de la gloire et de la poésie
Ne se remplit que de nos pleurs !