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DE M. DE LAMARTINE.

Eh quoi ! ces jours passés dans un labeur vulgaire
À gagner miette à miette un pain trempé de fiel,
Cet espace sans air, cet horizon sans ciel,
Ces amours s’envolant au son d’un vil salaire,
Ces désirs refoulés dans un sein étouffant,
Ces baisers, de ton front chassés comme la mouche
Qui bourdonne l’été sur les coins de ta bouche :
C’est donc là vivre, ô belle enfant !

Nul ne verra briller cette étoile nocturne,
Nul n’entendra chanter ce muet rossignol ?
Nul ne respirera ces haleines du sol
Que la fleur du désert laisse mourir dans l’urne ?
Non, Dieu ne brise pas sous ses fruits immortels
L’arbre dont le génie a fait courber la tige,