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MÉLANCOLIE.

Je n’avais de la coupe où je bois la souffrance
Effleuré que les bords.

Et mon souffle brûlant aspirait cette écume,
Et je disais : Au fond
Ma lèvre va trouver le miel sous l’amertume,
Car le vase est profond.

Mais plus épaisse encor j’ai vu monter la lie,
Et mon cœur, tout-à-coup,
Comme un poison funeste a rejeté la vie,
Vaincu par le dégoût.

Et vous voulez des chants ! mais au fantôme pâle,
Qui traverse à minuit le domaine des morts,
Allez-vous demander l’hymne lente et fatale
Dont son reste de voix fait gémir les accords ?