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AU CIMETIÈRE.

Mourir, laisser ce corps usé par la souffrance,
Abandonner enfin ces lieux que l’espérance
Naguère embellissait de son prisme enchanteur,
Mais où, vaine et trompeuse, elle a brisé mon cœur !

Oui, mourir ! m’élancer radieuse, immortelle,
Dans le sein rayonnant de la gloire éternelle,
Dans la Jérusalem dont la haine, l’orgueil,
Éloignés à jamais, n’ont pu franchir le seuil ;
Dans la cité des saints, qui, joyeuse et parée,
Me garde les amis dont je vis séparée,
Mais plus beaux, plus aimans qu’ils n’étaient ici-bas,
À l’heure où vint la mort les frapper dans mes bras ;
Car le maître est, là-haut, prodigue de largesses,
Et ses dons sont toujours plus grands que ses promesses.