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CAPRICE.

Que nul soupçon jamais n’a troublé notre ivresse ;
Que ma félicité répond de ma tendresse,
Et que tu ne crois pas à ce propos menteur
Prononcé par ma voix, démenti par mon cœur.

Pourtant, il est bien vrai, notre chaîne est brisée,
Avant qu’au gré du temps elle se soit usée ;
Avant que, dans la coupe où nous buvions l’amour,
Nos lèvres aient goûté l’amertume un seul jour ;
Sans que le pâle ennui, l’ardente jalousie,
Aient en calice amer changé notre ambroisie ;
Avant que l’espérance ait fait place aux regrets :
Notre chaîne est brisée, oui, brisée à jamais.

Je ne veux plus t’aimer ; et pourtant, je l’avoue,
Au seul bruit de tes pas je tressaille ; ma joue