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exigus, sur quelque sujet que ce puisse être, et plus spécialement sur l’histoire naturelle, religieuse, politique, et littéraire de la France. Une autre mention aussi neuve et non moins intéressante était celle des écrivains français à l’étranger. Plusieurs voyages nous ont mis à même de faire quelques-unes de ces rencontres qui sont des bonnes fortunes en bibliographie, et nous avons l’espérance de pouvoir traiter d’une manière satisfaisante cette partie importante qui méritait seule un travail spécial, puisque là Belgique, l’Allemagne, la Pologne, la Russie, l’Italie, la Suisse et l’Angleterre, comptent des savants du premier ordre qui ont écrit en notre langue.

Loin, d’être exposé au reproche que notre Dictionnaire soit incomplet, nous avons plutôt lieu de craindre, qu’on ne nous adresse une critique opposée. Mieux vaut cependant accorder quelques lignes à un ouvrage insignifiant, que d’exclure un livre, comme font quelques-bibliographes, souvent sans autre examen que celui de son titre. Quand il n’y aurait pas impossibilité absolue de tout lire et de tout apprécier, nous nous serions abstenu encore de le faire : qui donc pourrait se flatter de décimer cette armée d’auteurs, sans crainte de commettre quelque injustice ?

La même retenue nous a rendu sobre de jugements : ceux que nous avons émis sont appuyés sur des autorités respectables que nous citons toujours. Il y a en France un tel cliquetis d’opinions ; ce qu’on appelle le public proclame ses arrêts avec une telle assurance ; on entend dans le monde tant de causeries littéraires, qu’il est facile de décider du mérité d’un livre sans l’avoir lu, et c’est peut-être le secret de quelques-uns de nos Aristarques quotidiens ; mais on n’est pas un critique pour écouter aux portes : faire un grand homme d’un écrivain, médiocre à peu près comme un sultan fait un visir d’un manœuvre, ou frapper un ouvrage jusqu’à ce que mort s’ensuive, c’est un plaisir de despote, interdit à l’humble bibliographe.

Nous osons croire cependant que les pages de notre livré ne sont pas dépourvues de tout intérêt de curiosité. Si la vie de l’homme, de lettres est dans ses écrits, le simple rapprochement de toutes ses œuvres est sa satire, ou son éloge. En nous attachant à énoncer avec une scrupuleuse exactitude les productions émises à diverses époques par un écrivain, nous aurons fait une biographie bien complète, qui, quoique dépourvue de cri-