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LE BARON DE BOCK.

de Trenck. Cette traduction, quoique plus fidèle et plus complète que celle qui l’avait précédée, fut cependant jugée inférieure à cette dernière par les rédacteurs du Mercure. Quant au premier traducteur il n’eut pas à se louer du baron allemand ; en 1792 celui-ci donna une nouvelle édition de ses Mémoires et y dénigra l’écrivain annuel il devait tant de célébrité. Ce fut peu après que Trenck, victime d’un roi, le devint d’une république. Silvio Pellico oublia dans sa prison l’exaltation du carbonaro, Trenck, l’aimable courtisan, l’intrépide gentilhomme, trouva dans la sienne la fougue démagogique. Il vint dans cette France où son nom avait été si populaire, et se jeta dans la révolution. La révolution le mit dans la même charette qu’André Chénier et que Roucher. Tandis que les deux poètes récitaient une scène de Racine, Trenck criait à la foule : « Eh bien ! de quoi vous émerveillez-vous ? ceci n’est qu’une comédie à la Robespierre. »

Il s’en fallut de peu que le baron de Bock n’eut une fin semblable à celle de Trenck. Depuis longtemps les lugubres mystères du tribunal secret préoccupaient l’imagination de Bock ; il avait traduit de l’allemand Herman d’Unna, et un drame qui, plus tard, servit de modèle aux auteurs des Francs-Juges, pièce qui eut un grand succès à l’Ambigu. Après avoir considéré le terrible tribunal sous son aspect romanesque, il se décida à en écrire l’histoire et se rendit à Strasbourg dont la bibliothèque devait