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RÉCITS DU LABRADOR


UN RÊVE


Il y a bien des années de cela, je parcourais en canot, selon mon habitude, le littoral du Labrador Canadien.

C’était en juillet. La chaleur était accablante. Je pagayais péniblement sous le soleil ardent qui mettait ma cervelle en ébullition malgré le vaste suronâ qui recouvrait mon chef rasé jusqu’à l’épiderme.

Tout en cuisant et en pagayant, je songeais avec une certaine amertume aux richesses que devaient contenir les roches que je frôlais de mon canot.

En voyant ces granites, ces gneiss, ces micaschistes, en arrêtant mes yeux sur les trapp, sur les expansions porphyriques qui les recouvraient, en admirant les reflets soyeux et irisés des cristaux qui tapissent les anorthosites labradoriennes, je ne pouvais m’empêcher de penser aux minéraux précieux que ces formations recèlent toujours.

Je voyais comme en un songe ceux que l’avenir réservait aux explorateurs plus heureux, plus savants ou plus riches que moi, et je soupirais en me rappelant que