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RÉCITS DU LABRADOR


L’OUTARDE


La propriété charmante, la faculté divinement adorable que les hommes ont nommée vertu n’est pas la propriété exclusive de l’humanité.

L’homme vertueux est presque un mythe. Pour ma part, je n’en connus jamais un seul, et si je crois à son existence, c’est parce qu’il me serait infiniment pénible de renoncer à l’espoir d’être un jour vertueux. L’imperfection profonde dans laquelle je croupis, tout en reculant, hélas ! trop loin cet instant désiré, ne m’a point enlevé toute ambition d’y parvenir. L’exemple est si puissant ! Et je connais tant d’animaux doués des vertus que je voudrais avoir.

Oui. Il n’est que trop vrai : cette qualité, si précieuse, mais si rare chez nous, est l’apanage d’un nombre considérable d’animaux.

Peu répandue chez les mammifères, où elle n’a, pour ainsi dire, qu’un seul représentant, — le castor, — elle fait, au contraire, l’ornement de presque tous les oiseaux. J’entends de tous les oiseaux que