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RÉCITS DU LABRADOR

car elle supprimait en nous une cause de perdition.

On ne saurait croire combien ce prolongement de la colonne vertébrale, quelque réduit qu’il fût à sa plus simple expression, a été cause de trépas aussi lamentables qu’imprévus.

Demandez aux chasseurs. Tous vous affirmeront qu’il n’est pas un animal du bois qui n’ait été victime de l’indiscrétion ou de l’imprudence de cet ornement qu’ils désignent, en leur langage dépourvu de détours, sous le nom de queue.

Il existe, ou il semble exister tout au moins, devrais-je dire, une relation assez constante entre le développement, la forme et le port de cette manifestation physique et l’intelligence ou l’instinct des animaux qui en sont ornés. C’est ainsi que les bêtes qui laissent à désirer sous ce rapport paraissent moins bien douées intellectuellement que celles dont la queue est aussi prolongée que touffue.

Le lièvre, le loup-cervier et l’ours sont un exemple frappant à l’appui de cette loi, que je crois avoir découverte. Le seul instinct les anime. Voyez, au contraire, le renard, le castor et la loutre : oseriez-vous leur refuser quelques-unes des facultés les plus précieuses de l’intelligence ?

Chez les uns, cet ornement imparfaite-