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RÉCITS DU LABRADOR

Toutes les matières que j’avais contemplées quelques instants avant avaient disparu et des gemmes étonnantes les avaient remplacées.

Des grenats énormes jetaient des lueurs de sang. Des tourmalines noires, lustrées et cannelées, s’élançaient d’un seul jet de la base des rochers jusqu’à leur sommet. Des corindons répandaient des feux rouges ; des topazes jaunes, des béryls vert d’eau et des spinelles bleus étincelaient partout. C’était un éblouissement.

Un prisme hexagonal énorme, au sommet coupé parallèlement à la base et comme décapité, couronnait le faîte de la montagne. Il était d’un vert d’herbe très doux et de la transparence la plus parfaite et la plus pure.

C’était une émeraude. Et quelle émeraude ! Les richesses du monde entier, les joyaux réunis de toutes les couronnes de l’univers n’auraient pu suffire à en payer la valeur.

Je n’y tins plus et m’élançai d’un bond vers cette merveille.

Une impression de froid désagréable me saisit, et tout à coup le spectacle qui se déroulait à mes yeux disparut, et je me réveillai barbotant dans la mer, où je venais de choir idiotement.

La lueur tremblotante du feu de veille