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JOSEPH MARMETTE



Il y a bien des années déjà, obéissant à une habitude qui m’était, hélas ! devenue trop chère, j’entrais chez Dunn, que je quittais le moins possible pendant la durée de mes courts séjours à Québec.

Quelques instants après mon entrée se présentait un homme jeune encore, très brun, petit de corps, mais droit et bien pris dans sa taille.

Ses yeux, que recouvrait un binocle destiné bien plus à en atténuer l’éclat qu’à remédier à leur faiblesse, me frappèrent tout d’abord. J’y lus sur-le-champ ce que j’y ai toujours lu depuis : la franchise et la bonté, l’imagination et l’énergie.

— Monsieur Marmette, me dit Oscar Dunn.

Je m’inclinai avec sympathie. J’avais lu le Chevalier de Mornac et François de Bienville, et j’eusse reconnu leur auteur sans l’aide de l’ami à jamais regretté qui prononçait son nom.

Joseph Marmette est né le 25 octobre 1844, à Saint-Thomas-de-Montmagny, de l’union de M. le Dr J. Marmette, médecin de distinction, avec Mlle Éliza Taché, fille de sir E. P. Taché.

Il entra au séminaire de Québec en 1857 et en sortit en 1864 pour suivre les cours de l’école de droit à l’Université Laval.

Cette tentative, si étrange pour ceux qui connaissent Marmette et sa répulsion pour toutes les chicanes qui ne sont pas celles de l’esprit, dura trois années, trois bien longues années, sans doute, malgré les nombreuses compensations que les étudiants savent trouver dans leur jeunesse et dans le plaisir. Puis, comme il fallait s’y attendre, fatigué d’un travail plein d’aridité, ennemi de toute imagination et de tout élan, il abandonna Pothier et Dalloz, accepta la situation qui lui fut offerte et pénétra à la trésorerie provinciale.

C’était abandonner Charybde pour s’approcher de Scylla ! Marmette financier me paraît aussi original que Marmette bazochien. Mais, en ce bon pays du Canada, comme en bien d’autres, le talent