Page:Puyjalon - Les hommes du jour Joseph Marmette, 1893.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oh ! je puis le laisser retomber, répondit-il. Et, sur cette parole épique et peu rassurante, qui me ramenait au Chevalier de Mornac, nous nous dirigeâmes vers le café Voltaire, où nous devions dîner.

— C’est une institution charmante que ces Hirsutes, me dit-il.

— N’est-ce pas ? répondis-je.

— Oui, cette réunion d’hommes de haute intelligence et de femmes de talent est unique en son genre.

— Rien n’est plus vrai, dis-je à mon tour ; mais ce qu’il y a de plus curieux dans cet alliage, c’est qu’il est pur. Les Russes et les Polonaises qui viennent étudier en France et qui fréquentent ces cercles de l’esprit y restent au-dessus de tout reproche et, malgré la liberté de leurs allures, ne sont que de charmants camarades.

— De telle sorte, me répondit-il en souriant, que, si l’ami Faucher était ici, il pourrait dire de sa belle voix de contralto et en martyrisant sa royale : « Mon cher, honni soit qui mal y pense ! »

Et il remit philosophiquement son binocle, qu’il avait laissé tomber pour allumer son cigare et prendre son café.

HENRY de PUYJALON.
Montréal, 10 mars 1893.