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chantes, et je résiste difficilement au désir de les donner à mes lecteurs. Mais je suis contraint de les priver de ce plaisir si délicat. Cela m’entraînerait au-delà du cadre d’une étude biographique nécessairement limitée à de rapides esquisses par l’œuvre déjà considérable de mon sujet, car M. Marmette est l’un de nos auteurs canadiens les plus féconds.

La première en date de ses œuvres sérieuses est François de Bienville, roman historique qui parut en 1870.

On trouve dans ce livre beaucoup d’imagination, une mise en scène très soignée, très émouvante, et des personnages bien accusés et très vivants. La couleur locale y est parfaite, toujours observée, et le côté archéologique traité avec le plus grand soin et la plus grande netteté.

Ces qualités précieuses sont l’ornement constant de toutes les œuvres de Marmette. Il fut peut-être le premier écrivain de notre pays qui apporta une étude aussi consciencieuse et aussi approfondie de notre histoire dans ses romans de cape et d’épée.

L’Intendant Bigot fut publié deux ans après.

Cette histoire des faits et gestes du plus complet des boodlers de cette époque est extrêmement intéressante. Plus fortement charpentée que François de Bienville, la trame en est plus habilement, plus solidement ourdie, l’action plus vivement conduite que dans l’ouvrage précédent. On y sent plus d’habileté, plus de savoir-faire. Le style en est plus châtié, plus uni.

Le Chevalier de Mornac, qui parut moins de deux ans après l’Intendant Bigot, est le tableau de l’existence d’aventures et de la vie sauvage d’un cadet de famille sans fortune du XVIIe siècle. Le principal personnage de ce roman est un gentillâtre sympathique, brave, d’apparence généreuse, très vantard, un peu trop né sur les bords de la Garonne, mais amusant, quoique manquant un peu d’originalité à cause de l’usage immodéré qu’en ont fait certains romanciers modernes qui n’étaient point encore des Zolalâtres.

Le Chevalier de Mornac parut pour la première fois dans l’Opinion Publique, et les lecteurs lui firent l’accueil favorable qu’il méritait.

La Fiancée du rebelle fut publiée dans la Revue Canadienne en 1875. C’est, à mon avis, la mieux écrite des œuvres de Marmette. Elle a été composée à tête plus reposée.

Moins mouvementée, peut-être, que l’Intendant Bigot, elle lui est