Page:Pujo - Phyllis, 1922.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
PHYLLIS

— Votre sœur doit être une femme terrible.

— Au contraire, Harriett est charmante et plaît à tout le monde. Quant à James, il est son esclave. J’espère qu’elle nous amènera Lilian.

— Qui est Lilian ?

— Lilian Beatoun. C’est la nièce d’Handcock. Ensuite nous inviterons Blanche.

— Celle-ci ne me plaît pas avec ses airs hautains. Si vous saviez comme elle me toise du haut de sa grandeur ! Absolument comme si j’étais une petite fille indigne de sa considération.

— Soyez tranquille ! Elle ne serait pas fâchée de vous passer quelques-unes de ses années, si elle le pouvait. Elle m’a fait beaucoup de compliments de vous et je suis sûre qu’elle est trop bonne pour avoir voulu vous humilier.

— Mon Dieu, comme ce doit être agréable d’être une femme du monde et de savoir se composer une attitude pour chaque circonstance de la vie. M’auriez-vous aimée davantage ?

— Fi l’horreur ! s’écria mon mari avec une terreur affectée. Si j’avais épousé une « femme du monde », pour employer votre expression, j’aurais déjà pris la fuite ou je me serais suicidé.

— Alors, vous trouvez donc que je suis…

— Une délicieuse petite oie… non, non, une vraie perfection, et c’est pour cela que vous m’avez conquis. J’avais été saturé de grands airs…

— Où cela, fis-je vivement. En Amérique ?

Une crispation nerveuse passa sur le visage tout proche de mon mari. Puis, soudain m’entourant de ses deux bras, il murmura à mon oreille :

— Ne voyez-vous pas à toute heure que je vous adore pour ce que vous êtes ? Faut-il vous le répéter encore ? Et vous, Phyllis, dites-moi, petite fille, m’aimez…

Il s’arrêta brusquement, me regarda au fond des yeux, puis me repoussa avec un rire contraint :

— Quelles invitations ferons-nous encore, dit-il, sir Francis ? Voulez-vous ?

— Il me plaît pour le peu que j’en connais. Invitons-le. Et Dora aussi, Mark ?

— Dora, certainement. Si notre chère sœur veut bien nous faire l’honneur d’accepter. Mais il nous faut quelqu’un pour lui faire la cour… Disons… George Ashurst ! Il n’est pas très brillant, mais c’est un si bon garçon, et il a le titre de baronnet… plus une grosse fortune, toutes choses qui ne sont point à dédaigner !

— Je voudrais bien avoir Billy… et mère aussi, pour m’aider à faire les honneurs.