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PHYLLIS

— J’irai parler à Hastings, dit-il sans hésiter. J’ai une commission pour lui, de quelqu’un du régiment.

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25 juillet

La douce Jenny n’a pas fait en vain son vœu d’amour à la Fontaine. Elle est si heureuse maintenant qu’elle ne peut croire à son bonheur.

— Phyllis, me dit-elle hier en m’embrassant, — c’était le jour de leurs fiançailles — je souhaite le retour de votre bonheur aussi ardemment que je suis sûre d’être une heureuse femme.

— Ah ! ma chérie, murmurai-je en la serrant dans mes bras, que Dieu vous entende ; et moi, je souhaite que votre bonheur à vous, soit à l’abri de tous les orages.

— Sait-on jamais ! dit-elle en soupirant.

Mais son regard brillant d’amour et de confiance fixé sur Roly démentait son exclamation.

Mon frère, en garçon expéditif, a prié sa fiancée de fixer leur mariage à une date rapprochée : au mois d’octobre, par exemple, et Jenny, trouvant probablement qu’elle l’avait assez attendu, y a consenti sans se faire prier.

Brighton, 12 août.

La décision du départ à la mer s’est prise si rapidement et le temps s’est trouvé si rempli avec nos préparatifs de voyage et l’installation, que j’ai dû délaisser mon album depuis plus de quinze jours.

La famille Hastings devait, comme chaque année, aller passer les mois d’août et de septembre à la mer.

Les fiançailles de Jenny n’ont rien changé à ses projets, sauf que mon frère fut invité à profiter des derniers jours de son mois de permission pour les accompagner.

Et ce bon Roly, me voyant si délaissée, n’a pas voulu partir sans moi.

Mère a insisté aussi, car je refusais de toutes mes forces, sentant que ma tristesse n’était vraiment pas faite pour aller avec l’entrain d’une bande joyeuse.

Une promesse m’enleva mon seul regret.

— J’irai à Strangemore de temps à autre, me dit mère, s’il y a la moindre apparence de son retour, tu seras prévenue par dépêche.

Mais je n’ai accepté que pour un mois l’invitation de nos amis. Je veux être de retour en septembre ; c’est le mois anniversaire de notre mariage et, s’il y pense, peut-être… peut-être que… Je ne veux pas me leurrer d’un espoir qui sera déçu.